Saint-Antonin-Noble-Val - Restes romans
- Sculpture romane - Megalithes - Rouergue
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Saint-Antonin-Noble-Val. Roman. Sculpture romane. Rouergue. Anthony Weir
Anciennement dénommé Condate, mot celte pour 'confluent', puis Noble-Val, c'est à l'extrémité occidentale du Rouergue, que se dresse la petite bourgade de Saint-Antonin-Noble-Val, Sant Antoni ou Sènt Antounin en Occitan, langue qui ne fut jamais totalement abandonée . La légende voudrait que l'abbaye de Saint Antonin ait été fondée au neuvième siècle en l'honneur du saint qui christianisa la province, son succès dans cette entreprise le poussa à essayer de convertir sa ville natale de Pamiers, dans les Pyrénées, avec néanmoins beaucoup moins de bonheur, puisqu'il y fut décapité et son cadavre jeté dans les eaux de l'Ariège. Si l'on en croit la légende, des anges apparurent, qui réunirent les parties du saint corps, les placèrent dans une embarcation guidée par deux cygnes. Cette dernière, flottant de la Garonne, au Tarn en passant par le Vallis Nobilis des Gorges de l'Aveyron, vint finalement s'échouer au confluent de l'Aveyron et de la Bonnette, à l'endroit même où les évêchés du Quercy, de l'Albigeois et du Rouergue se rejoignent. Festus, Comte de Noble-Val, récupéra l'embarcation et érigea sur les lieux, un sanctuaire pour y préserver les reliques du saint; sanctuaire disparu depuis. Un de ses descendants, le Comte Raimon Jordan, fut un troubadour de renom, mais l'existence du dit comtat, florissant sous les Cathares, s'arrêta : victime de la terrible croisade contre les Albigeois, quand sa dernière comtesse, farouchement fidèle à sa foi Cathare, refusa d'abjurer. Au onzième siècle, les moines Bénédictins entreprirent la reconstruction de l'ancienne abbaye du neuvième siècle, cette denière fut achevée aux environs de 1150, peut-être même plus tard. A la fin du douzième siècle, elle passa sous l'égide des Augustins. Si l'on en juge par la qualité des sculptures et des fragments qui ont survécu, il ne fait aucun doute, que ce fut un lieu prestigieux qui n'avait rien à envier à Moissac. En 1155, les annales mentionnent pour la première fois, la "Maison Neuve", demeure seigneuriale et de justice, celle-ci datant déjà d'une vingtaine d'années. En 1212 elle est achetée par les "Consuls" (conseillers municipaux) s'intitulant dorénavant La Maio del Cossolat (Maison Communale) jusqu'en 1790 . En 1846- 52, Viollet-le-Duc la défigure en y ajoutant un béffroi ridicule( aux frais de l'Etat) qui à mon avis devrait être démoli. Sa façade est ornée de sculptures d'une grande qualité, telle la représentation magnifique d'Adam et Eve, avec ses détails exquis du serpent et de l'arbre de la connaissance (voir la photo ci-dessous).
C'est dans la Maison des Consuls que se trouve actuellement le charmant et vieillot musée qui regorge de trésors. Là on y retrouve les archétypes tels la vigne, le serpent, et la nudité féminine, symboles présents aussi bien sur les chapitaux des anciennes colonnes de l'abbaye, que sur la houe sculptée par le berger. Au treizième siècle le plus bas des deux canaux, le canal du Béssarel, issu de la Bonnette, fut construit pour alimenter en eau un moulin et une tannerie dont il reste quelques vestiges. La place du Bessarel resta jusqu'au dix-neuvième siècle le lieu de prédilection des mendiants. La ville fut prise par Simon de Montfort durant ce tragique épisode d'extermination des croyants Cathares. Toute une série d'épisodes de vols, de viols, furent commis à travers les terres languedociennes, et toutes ses exactions son connues sous le nom de "croisade des Albigeois". A proximité, le château de Penne, forteresse Cathare dont seules survivent aujourd'hui, les ruines romantiques, dominant l'Aveyron, perchées sur un piton rocheux aux allures Wagnériennes. Il fut également brûlé par Simon de Montfort. En 1227 Louis XI prend Saint-Antonin, une bourgade riche à l'époque. Durant la Guerre de Cent Ans la ville est assiégée et prise, par les Anglais qui y établissent une garnison. Pas moins épargnée durant les guerres de religions, elle subit des dégâts considérables au seizième et dix-septième siècle quand l'église, et les reliques qu'elle abritait, furent détruites dans un acte de vengeance anti-Catholique entre 1614 et 1622 (il est intéressant de noter que les anciens bastions cathares eurent souvent tendance à adopter la foi protestante. Il existe d'ailleurs toujours un Temple protestant à Saint-Antonin). C'était selon toute probabilité apres la restauration du Catholicisme que des modillons et autres morceaux sculptés se sont montés sur les maisons bourgeoises. C'est Louis XIV qui renomma la ville, lui donnant son nom actuel de Saint-Antonin-Noble-Val, il finança également maintes améliorations, et en fit un centre important du cuir et du lin.
"Les seigneurs de Saint-Antonin embrassèrent le Catharisme, dit «l'hérésie albigeoise», ce qui valut à la ville d'être envahie par Simon de Montfort pendant son grand pogrom en 1212. En 1226, elle entrait dans le domaine royal; cette époque allait être l'apogée de sa prospérité économique. Mais,
à partir du XVIIe siècle, les habitants perdirent peu
à peu leurs privilèges et l'emprise de la ville diminua.
Cette passionnante histoire méritait d'être racontée. En 1351, pendant la Guerre de Cent Ans, les Anglais envahirent Saint-Antonin et lors des guerres de religion, les habitants eurent encore à souffrir : adepte de la Réforme, la ville assista à une lutte acharnée entre catholiques et protestants. En 1622 Louis XIII assiégeait la ville; en 1681, tous les protestants étaient exclus du conseil politique et du consulat de Saint-Antonin. Enfin,
entre ces périodes difficiles, il faut noter l'importance de
l'industrie des draps au XIIIe siècle et celle de la station
thermale aux XVIIe et XVIIIe siècles..."
"Pèlerinage à l' abbaye réputé au XIe siècle ; coutumes concédées aux habitants entre 1140 et 1144; canal, moulin, pont sur l' Aveyron, fortifications existant au milieu du XIIe siècle ; porte et fossé mentionnés en 1155 . Notons aussi que le quartier des tanneries s'est urbanisé autour d' un deuxième canal au 13e siècle, tandis que les couvents de carmes et de cordeliers s'établissent hors les murs ; expansion économique aux XIIIe et XIVe siècles : en 1328, deuxième ville du Rouergue avec 1709 feux ...Campagnes importantes entre 1358 et 1363 et après la guerre de Cent Ans ; deuxième phase de prospérité après la guerre de Cent Ans qui permet la restauration des édifices endommagés ; la ville passe au Calvinisme en 1562 : après le démantèlement de l' abbaye et des couvents ordonné par Blaise de Montluc en 1565, des travaux de reconstruction à la fin du XVIe siècle sont entrepris par les ingénieurs César Lacombe et Roaldes et le capitaine Thomet. Les fortifications sont détruites sur ordre du roi après le siège de 1622. Le quartier des tanneries en ruines est en partie rasé après la grande inondation de 1930. " |
Deux modillons
qui, à l'origine faisaient partie de l'abbaye détruite,
et qui se trouvent maintenant sur les façades des maisons de Saint-Antonin
:
deux têtes de lion,
l'une simple, l'autre ( aux yeux percés au trépan) tient un lionceau
dans sa gueule.
L'enfer est souvent représenté par un lion ou un monstre dévorant
un pécheur
dont on ne voit que la tête, tel l'exhibitionniste en bas de la page.
Mais le modillon sur la droite pourrait bien représenter l'Eglise, mère et lionne protégeant son lionceau.
Un modillon dans la rue Droite,
pas loin de la Maison des Consuls.
Ce modillon roman extrêmement bien préservé, au fond de la rue Droite, est une des quelques sculptures que l'on peut trouver sur les façades des maisons dans la ville médiévale. Cet homme imberbe dont les bras sont directement raccordés à la tête, comme certains autres modillons précédemment étudiés, tel Sant Pere de Galligans, Girona, et l'étonnante sculpture romane de la tour ronde irlandaise de Tomregan, semble tenir entre ses mains un reliquaire (?) Un personnage similaire, barbu, sculpté sur un culot (modillon de support d'arête) à Tollevast (Manche), semble aussi en possession de ce type d'accessoire. On remarquera les yeux percés du personnage typique du 12ème siècle, ainsi que ses oreilles de rat. La décoration de têtes-de-clous autour du personnage rappelle les dents des mâchoires de l'Enfer - beaucoup illustrés dans l'art roman, - et surtout celles qui dévorent l'exhibitionniste qui figure au dessous.
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Maison dans la rue droite (Carrièra Drecha) dans laquelle est inséré le modillon ci-dessus.
Un autre modillon
sur la même maison (photo de Jacques
Martin) - un exemplaire plus fluide (et plus érodé)
du motif de la lionne avec son lionceau (l'Eglise ?).
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Femme exhibitionniste (à
l'envers) sur une façade du XVIIème siècle.
Dans un état
de préservation remarquable comme la plupart des sculptures venant de
la collégiale de l'abbaye,
cette magnifique sculpture représente une femme dévorée
par un monstre
dont les mâchoirs
aux dents acérées,
sont en fait celles de l'Enfer.
Le symbolisme des mâchoires de l'Enfer est emprunté
à la mythologie classique :
" Les mâchoires de Tnarus" et "les hautes portes
de Dis" de Virgile qui ont été empruntés
par le christianisme - qui se l'approprie comme tant d'autres mythes
païens.
Les églises de pierre, portes de la rédemption en sont les échos
- et les défis.
Ceci est probablement un des plus beaux exemples de sculpture d'exhibitionniste féminin. Décrit sur la
carte touristique de la ville comme représentant le martyr de
Sainte Marguerite,
cliquer ici pour voir où cette rue se situe La grosse taille et la circularité de la vulve rappellent
celle d'une sirène exhibitionniste à Zamora,
en Espagne, |
Détail d'un tympan en Moselle.
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text by Anthony Weir, Dissident Editions, www.irishmegaliths.org, www.irishmegaliths.org.uk, and author of IMAGES OF LUST